Cinderella

Cendrillon

 

Oeuvres/Works

- Cendrillon / Cinderella, Charles Perrault, 1697

- Cendrillon / Cinderella, Walt Disney Studios, 1950

 

 

 

 

 

 

 

Au premier abord, le conte de Charles Perrault et son adaptation par les studios Disney ne présentent pas vraiment de différences, ils semblent parfaitement similaires. Mais intéressons nous de plus près à certains détails du conte pouvant paraître anodins, mais qui se révèlent essentiels.

 

En premier lieu, le conte de Perrault implique de véritables valeurs fondamentales telles que celles de la famille, que nous retrouvons notamment lors du bal. En effet, grâce à son apparence de princesse, Cendrillon peut avoir un rapport d'égal à égal avec ses deux vilaines sœurs, elle saisit donc la première occasion qu'elle trouve pour aller à leur rencontre. Cela peut paraître insensé, mais Cendrillon semble tout simplement vouloir établir un contact affectif avec ses sœurs, contact dont elle a toujours été privée. La Cendrillon du conte ressent donc le besoin de se sentir aimée par sa propre famille avant de pouvoir songer à l'amour.

 

Ensuite, la notion de pardon est perceptible à la fin du conte. Effectivement, après avoir reconnu Cendrillon comme la princesse, ses deux méchantes sœurs s'excusent pour tout le mal qu'elles lui ont fait: «Alors ses deux sœurs la reconnurent pour la belle personne qu'elles avaient vue au Bal. Elles se jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon de tous les mauvais traitements qu'elles lui avaient fait souffrir.» puis Cendrillon les pardonne: " Cendrillon les releva, et leur dit, en les embrassant, qu'elle leur pardonnait de bon coeur, et qu'elle les priait de l'aimer bien toujours". Avant de les faire loger au palais et de les marier le jour même à deux grands seigneurs de la cour . La dimension familiale est essentielle dans le conte de Charles Perrault.

 

Analysons maintenant les deux moralités de ce conte. L'une déclare que la bonté est plus importante que la beauté pour engager un cœur, tandis que la seconde explique que c'est un avantage d'avoir de la bonté, mais que cette qualité est inutile si une intervention extérieure comme une marraine ou un parrain ne vient pas la faire valoir. Les deux moralités sont donc contradictoires, cependant, la deuxième renvoie très probablement aux marraines ainsi qu'aux parrains de la cour au XVII ème siècle. Ils jouaient un rôle de protecteurs, il était alors impossible sans eux de monter dans la hiérarchie quelles que soient nos qualités.

 

Comparons désormais l'adaptation de Cendrillon par les studios Disney au conte de Charles Perrault. Il est évident que Disney efface toute la dimension familiale du conte. Cendrillon ne cherche pas à rencontrer ses sœurs au bal, elle pense directement à l'amour. De plus, la notion de pardon est supprimée, Javotte et Anastasie ne s'excusent pas auprès de Cendrillon qui se marie immédiatement à son beau prince. En ce qui concerne la moralité, Disney l'a entièrement retirée de son adaptation et contrairement aux idées reçues, la bonté de Cendrillon n'apparaît absolument pas dans le film. La jeune femme sait seulement chanter, elle est jolie, elle réalise toutes les tâches de la maison certes, en revanche, la Cendrillon de Disney n'a pas toutes les qualités de cœur de la Cendrillon de Perrault puisqu'en réalité, les défauts de Javotte et Anastasie ont été fortement accentués dans le film pour faire paraître spontanément la bonté de leur sœur.

 

Pour conclure, l'adaptation Disney a desservi le conte en préférant idéaliser le personnage de Cendrillon sans nous exposer ses véritables vertus. D'autre part, il a négligé plusieurs détails du conte tel que les valeurs de la famille mais aussi la notion de pardon qui ont pourtant une importance capitale dans le conte car ils exposent la bonté de la jeune femme. Par conséquent, les moralités sont supprimées dans le film ce qui retire la portée instructive du conte. Perrault souhaitait certainement enseigner la bonté aux jeunes filles, tout en dénonçant le fait qu'elles dépendent de leur parrain ou de leur marraine. De son coté, Disney incite seulement les jeunes filles à être belles et à croire en leurs rêves.